Si vous avez déjà lu cet article vous avez pu constater l’avancée des nouvelles technologies dans le domaine de la Défense et l’armement. Vous avez aussi bien compris que ces technologies ont une utilité à la fois dans les domaines militaires et civils. Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous encourage à le faire en premier lieu. Comme promis, intéressons-nous à présent à la nano-technologie qui va balayer notre vision du possible.
Les nano-sciences et nano-technologies sont couramment appelées NST. Pour faire simple, les NST définissent l’ensemble des études et des procédés pour manipuler ou fabriquer des structures, des dispositifs, des composants à l’échelle du nanomètre. Ainsi, les nano-sciences correspondent à la partie théorique : l’étude des phénomènes et des résultats théoriques suivant une manipulation de la matière. Cette manipulation se fera au niveau au niveau infiniment petit, c’est-à-dire à l’échelle atomique, moléculaire et macromoléculaire. Les nano-technologies sont la partie pratique : application des théories, conception, production des différents structures/dispositifs/systèmes/matériaux. Il s’agit de contrôler et modifier la forme, la taille de l’élément à l’échelle du nanomètre.
Evidemment, je vous ai expliqué cela de la façon la plus simple possible. Ce procédé est extrêmement complexe et les scientifiques eux-mêmes ne sont pas d’accord sur la définition exacte des NST. En revanche, il est clair qu’elles vont innover la plupart des domaines que nous connaissons (la chimie, la biologie, l’optique ou le médical par exemple).
Je vous conseille cet excellent article de techno-science qui explique de façon simple l’historique des NST. L’article est très complet et permet de mieux appréhender ce sujet complexe.
Au niveau militaire, les nanotechnologies pourraient servir à stocker et analyser plus efficacement l’information, optimisant ainsi la surveillance et les Services de Renseignements. Cela permettrait aussi de créer des armes et munitions « intelligentes » et de développer les capacités médicales tant sur le plan militaire que civil. Elles permettent aussi de développer de nouvelles armes et armures jusqu’alors technologiquement trop compliquées.
De nombreux travaux ont été menés sur l’invisibilité d’un objet. Leur but est de développer des métasurfaces ne contenant pas de charges électriques. Ces dernières se déplacent en effet de façon macroscopique et sont donc détectables. Lorsqu’on arrive à stopper leur mouvement, ces métasurfaces sont considérées comme diélectriques. Imaginez un robot, un véhicule voire un militaire portant ce genre de composés. Il sera alors invisible sur certaines longueurs d’ondes et avec certaines nanoparticules (céramique par exemple) il pourra absorber ces ondes et les rediriger.
Plusieurs équipes ont déjà démontré la possibilité de rendre certains objets invisibles à la lumière visible et ont réussi une absorption d’ondes radars à hauteur de 70%.
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La DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) au service de l’armée américaine travaille sur le projet « Z-man ». Ce dernier veut offrir à l’homme la capacité des geckos (petits lézard) à se déplacer librement sur des murs et des plafonds (même du verre). L’agence a ainsi développé des gants et des chaussures permettant de se déplacer dans plusieurs directions, quel que soit l’inclinaison de la surface. Au niveau militaire, cette solution est de bonne augure. En 2015, un homme de plus de 100 kg portant un sac de 25 kg avait réussi à escalader une paroi en verre de 8 mètres de hauteur. Les soldats pourraient donc faire de même.
Cette année, une équipe de scientifique allemands ont créé un revêtement qui devient collant à la demande. Ce dernier est fabriqué avec un matériau spécifique se déformant selon la lumière. Ainsi, s’il est éclairé aux ultraviolets, le gant ne collera plus et n’accrochera plus à la surface. A l’inverse, dès qu’on l’éteint, ce dernier redevient collant ce qui permet de continuer son ascension. Ce principe permet aussi de ne laisser aucune trace ou morceau d’adhésif. Au niveau civil, cela peut servir dans le domaine médical puisqu’il ne laisse aucune marque. Cela respecterait alors les normes d’hygiènes parfois très strictes.
L’US Naval Laboratory a développé un nano-drone militaire en s’inspirant des cigales. Ce robot, une fois largué depuis un avion ou un drone, est capable de planer. Equipé d’un GPS, il peut se diriger vers son objectif et peut atteindre jusqu’à 74km/h. Evidemment, vous l’aurez deviné, sa fonction principale est d’améliorer le renseignement. Il peut ainsi transmettre des informations à la base. Il est invisible en vol à l’œil nu de par sa petite taille. Une nuée de ces robots pourrait même saturer les systèmes de détection et de défense aériens. Actuellement, il est utilisé dans la météorologie pour fournir des informations sur les déplacements de masse d’air.
Dans la même espèce, RoboBee, le bébé de 175 miligrammes de l’institut Wyss (Harvard) peut aider à la surveillance environnementale et biologique, assister les missions de recherche et supporter les troupes terrestres. Ainsi, il pourra jouer le rôle d’éclaireur et détecter les dangers, notamment dans les zones urbaines.
Evidemment ces robots peuvent aussi avoir un rôle beaucoup plus cynique, s’ils ne sont quasiment pas visibles à l’œil nu, l’armée pourrait les développer pour programmer des assassinats « discrets ». Il suffirait de pouvoir mettre une charge de poison sur ces robots pour qu’ils l’injectent dans la nourriture/boisson de la cible, voire directement dans son corps. Ils pourraient aussi être porteurs de gaz toxiques voire de bactéries/virus de guerre ayant pour but de décimer un grand nombre de personnes.
Ne vous enflammez pas, nous ne sommes pas dans Wakfu [Ankama Studios], non vous n’aurez pas une épée ou un fusil qui se mettra à vous parler.
Les munitions intelligentes ont commencé à voir le jour dans les années 80, notamment pour lutter contre les chars. C’est le cas de l’obus-cargo BONUS (origine Franco-suédoise). A l’heure actuelle, ce dernier, tiré depuis un char spécial, envoie deux têtes antichars jusqu’à une distance de 35 kilomètres. Ces deux munitions vont freiner pour faire une amorce verticale et vont explorer chacune une surface de l’ordre de 3 hectares à la recherche de blindés. Chaque tête est apte à faire la différence avec les voitures/tracteurs/camions. Dès qu’elle trouve sa cible, elle envoie un explosif à pleine vitesse sur le dessus du blindé. Chaque munition coûte 100 fois moins cher que le blindé qu’elle met hors de combat.
Ses munitions intelligentes concernent aussi les fusils, notamment les fusils d’élite.
En avril 2015, un projet de DARPA ont exposé leurs premières balles intelligentes baptisées « Exacto ». Cette dernière, vidéo à l’appui, ont une trajectoire adaptable : la balle dévie toute seule pour aller atteindre sa cible mobile à coup sûr. Ces munitions s’adaptent aussi en fonction de la météo et de la complexité du terrain et fonctionnent le jour comme la nuit. La technologie utilisée n’a pas été détaillée, la munition utilise un système de guidage optique qui a été boosté par la miniaturisation et la démocratisation des processeurs. La nano-technologie est donc un réel atout dans ces munitions de précision.
Le développement des nano-technologies est aussi très utile dans la course à l’armement hypersonique, que semble avoir gagné à la Russie.
Avant toute chose, retenez qu’un Mach correspond à la vitesse du son. Fin novembre 2017, la Russie a confirmé posséder des armes pouvant voler jusqu’à 8 Mach, soit 8 fois plus vite que le son.
Cette prouesse a un nom : le Zircon (ou Tsirkon) qui est en développement depuis plus de 20 ans. A l’heure actuelle, les intercepteurs de missiles ne peuvent abattre des missiles allant à une vitesse supérieure à Mach 3. Ces missiles antinavires montrent l’avance technologique de la Russie (15 ans selon les scientifiques). Il semblerait que de nouveaux carburants aient été utilisés pour propulser ces missiles. Ces derniers dépassent le programme de défense antimissile balistique de l’OTAN en Europe. Il surpasse aussi les programmes de défense et groupes d’attaque aéronavals des USA. Les nouveaux porte-avions de la Royal Navy (pour un coût de 7 milliards de livres sterling) seraient donc déjà obsolètes alors qu’ils ne devraient être opérationnels qu’en 2020. Le seul système antiaérien capable d’abattre ce genre de missile est … russe avec le S-500.
Le Zircon embarque un radar de recherche d’objectif ainsi qu’un circuit complexe optoélectronique chargé de détecter et relever la trajectoire des objectifs voyageant à une telle vitesse.
Pour propulser ce missile, l’armée utilise un statoréacteur voire un superstatoréacteur. La France possède elle aussi cette technologie. Il s’agit d’un système de propulsion par réaction dont la poussée est produite par la compression de l’air et la combustion d’un carburant. Le schéma ci-dessous explique le fonctionnement d’un superstatoréacteur de façon simple.
Pour vous donner une idée, en cas de conflit, Moscou pourrait toucher Paris en moins de 20 minutes, sans que cette dernière puisse se défendre. La plupart de ces missiles peuvent être lancés depuis l’air, la terre et la mer.
On a tendance à dire que la bataille du futur se joue sur le nucléaire. Dans les faits, il semblerait qu’elle se localise dans l’air, et plus particulièrement dans les sous-couches de l’atmosphère.
L’inde développerait sa propre arme Brahmos-II (vitesse estimée à Mach 7). Les Etats-Unis, via DARPA, auraient aussi plusieurs programmes sur ce sujet. La Chine talonnerait la Russie, des rumeurs parleraient de missile pouvant atteindre la vitesse de Mach 10. Dans le cas de la Chine, aucune preuve n’a réellement été apportée.
D’un point de vue civil, c’est une grande avancée pour les compagnies aériennes. En effet, cela permettrait de réduire de façon drastique les durées de temps de vol. Certains travaux sont réalisés actuellement, permettant à terme (2040-2050) de faire un Paris – New York en 1 heure (temps actuellement nécessaire pour réaliser un Paris – Pau).
Je vous ai dit que les Etats-Unis n’avaient pas de riposte, ce n’est pas totalement vrai. Intéressons-nous aux armes à énergie dirigée. Je reviendrai sur HAARP juste après vous avoir expliqué ce qu’elles sont.
Les armes à énergie dirigée sont capables d’émettre de l’énergie dans une direction choisie sans recourir à un projectile. Leur effet peut être mortel ou non selon l’onde : ondes radios, micro-ondes, lasers, masers (rayonnement électromagnétique) ou faisceaux de particules de type plasma, protons et neutrons. Les armes soniques font aussi parties de cette catégorie, car elles envoient une onde sonore 20 à 30 décibels plus forte qu’un mégaphone standard. Ces dernières sont déjà utilisées, principalement pour repousser les manifestations et sont donc non-létales.
Ne vous affolez pas, cette technologie pourrait déjà avoir été testé par un de vos proches. En effet, au niveau civil, l’énergie dirigée est couramment utilisée dans la chirurgie ophtalmologique.
Depuis une décennie, de nombreux lasers, principalement antiaériens ont été développés pour la défense nationale des pays. De plus, avec l’expansion des nano-technologies et l’amélioration des procédés de stockage, de conductibilité et de maitrise thermique, les principaux problèmes rencontrés pour la production d’armes portatives pratiques pourront être résolus, augmentant ainsi l’arsenal de nos armées.
Depuis deux décennies, HAARP (High Atmosphere Auroral Rechearch Program) travaille sur les propriétés de l’ionosphère pour créer un miroir radio naturel. L’ionosphère se situe entre 60 et 500 km d’altitude. C’est une partie de l’atmosphère où les molécules sont ionisées par le rayonnement ultraviolet solaire. Un faisceau, envoyé sur ce miroir, se reflèterait vers le sol en un faisceau d’ondes bien plus puissant avec une précision exemplaire, et ce, sans utiliser un satellite. Depuis une décennie, les experts des autres pays essaient de savoir ce qui se trame sous ce programme, en vain. Il semblerait que cette plateforme permette de scanner les sous-sols terrestres et marins, mettant à jour les bases « secrètes » et sous-marins nucléaires des autres pays. Depuis peu, certaines personnes déclarent que HAARP a réussi cet exploit.
Evidemment, il faut prendre ses rumeurs avec pincettes, les théoriciens du complot se jetant à cœur joie dans la mêlée : « manipulation d’esprit », « contrôle du climat », « arme à impulsion électromagnétique sans devoir faire exploser une bombe atomique dans l’espace ».
Voilà pour la petite anecdote complotiste ! Revenons à nos nano-technologies et au sujet qui nous fait vibrer à chaque fois qu’il est abordé : l’homme augmenté.
La convergence des NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et Sciences Cognitives) permet également d’envisager des améliorations des capacités humaine ce que l’on nomme communément « l’homme augmenté ». Le but est d’améliorer la performance humaine pour obtenir un gain, dans notre cas, militaire décisif.
Nous en sommes encore aux débuts, mais des chercheurs du MIT ont annoncé avoir récemment réussi à combiner un capteur thermoélectrique à base de graphène avec un micro système électromécanique. Cela permet la création d’un système de vision thermique flexible, tellement compact qu’il en est presque transparent. Il n’est peut-être pas encore possible de l’implanter directement sur la rétine, néanmoins des lentilles pourraient être créées à partir de cette technologie.
Il faut savoir que la recherche pour l’homme augmenté concerne majoritairement la neuro-amélioration. Ainsi, le projet Neural Engineering System Design (NESD) de la NARPA veut développer un implant qui agirait comme une interface cérébrale. Le but est de connecter le cerveau au monde numérique. Cela permettrait de retrouver des capacités perdues (audition, vision, mouvement…), de contrôler mentalement des systèmes informatiques ou de recevoir et traiter des informations sans ordinateur. Imaginez pouvoir travailler juste à la force de votre cerveau ! Cela rappelle nos rêves d’enfants où nous voulions être télékinésistes.
Evidemment ces recherches sont critiquées tant sur le point de vue éthique que d’un point de vue technologique. En effet, il ne faudrait pas « griller » le cerveau de l’homme augmenté en lui apportant un flux d’informations trop important.
Actuellement, les capacités des soldats peuvent être dopées de façon artificielle. Nous pensons notamment aux pilules utilisées par les terroristes annihilant toute émotion. Citons aussi les tests français réalisés en Lybie en 2011 lors de l’opération « Harmattan » où les soldats ont testé de la caféine à effet prolongé, nommée LP.
Les nano-technologies n’en sont qu’à leurs débuts et promettent monts et merveilles. Nous sommes encore éloignés de la Révolution tant espérée. Cependant, de nombreux problèmes éthiques sont soulevés par ses opposants. L’homme ne serait pas « homme » mais une créature hybride qui pourrait perdre son humanité. Modification de la force, annihilation des émotions, connexion au numérique, il y a de quoi effrayer . Nos prochaines guerres seront-elles comme dans nos jeux-vidéos/films/livres préférés de Science-Fiction ?
Avec ces deux articles, je vous ai fait un état des lieux des nouvelles technologies développées dans le secteur militaire. Il s’agit bien évidemment d’un résumé. Si certains points vous ont fait réagir, je vous invite à m’en faire part en commentaire. Dans un prochain article, je traiterai des nano-technologies utilisées dans la vie de tous les jours et celles dédiées aux humains tels que le Spermbot, une hélice qui aide nos spermatozoïdes à atteindre l’ovule, ou encore les modifications génétiques.
Merci à Juliette Desplat pour l’image à la une de l’article !