L’espionnage industriel dans les secteurs de pointe a toujours eu pignon sur rue chez les nations en retard technologique sur leurs voisins. Cet espionnage était exclusivement une affaire régalienne du fait des coups importants nécessaires à l’espionnage d’autres pays. Par exemple en décembre 1965, Serguei Pavlov est arrêté par la police française. En ouvrant les bagages du directeur du bureau parisien d’Aeroflot, les enquêteurs récupèrent des plans volés qui décrivent des éléments importants de l’avion supersonique. Le 31 décembre 1968, les Russes feront décoller le prototype du Tupolev Tu-144 qui est en partie le résultat de l’espionnage industriel des usines françaises.
Nous pouvons donc nous demander quelle est la situation actuelle de l’espionnage industriel dans les domaines de pointe?
Aujourd’hui notre monde ultra connecté permet une circulation fluide des informations à travers le globe. De plus les entreprises de haute-technologie comme les célébrissimes GAFA misent sur cette nouvelle révolution industrielle pour construire des empires financiers colossaux. Cependant cette fluidité dans la circulation des donnés permet à des entreprises de pouvoir s’espionner avec plus de facilité. L’espionnage industriel qui était une affaire d’état lors de la guerre froid est rentré avec internet dans une nouvelle ère plus éparse.
Avec l’hyper connectivité des dispositifs d’informations comme les téléphones, ordinateurs ou SI (systèmes d’informations) les entreprises sont de plus en plus vulnérables aux cyberattaques et aux vols d’informations. Le 26 septembre 2019 Airbus a été victime d’une cyberattaque via certains de ses sous-traitants. Les attaquants ont notamment ciblé des documents techniques de certification et d’autres documents importants. Selon certaines sources c’est le groupe de hackers chinois APT10 qui est derrière cette opération d’espionnage industriel. En effet il existe plusieurs brigades de hackers chinois spécialisées dans le vol d’informations industrielles.
Aujourd’hui ce sont les Etats-Unis les leaders dans le domaine de l’espionnage industriel. En effet l’industrie américaine a besoin d’obtenir les informations nécessaires au maintien de sa compétitivité. C’est via la NSA et leur réseau d’écoute d’informations gargantuesque que les Etats-Unis arrivent à être les maîtres du secteur de l’espionnage industriel. Avec son budget de 10 milliards de dollars la NSA est une organisation tentaculaire. Grace à des opérations comme celle nommée GENIE elle espionne les équipements informatiques à l’étranger.
Les Etats-Unis sont si performants dans ce domaine qu’ils arrivent à voler des informations aux chinois qui eux-mêmes les avaient volés aux européens. L’affaire Snowden a montré l’ampleur du réseau d’espionnage des Etats-Unis sur le monde. C’est via cette main mise que les entreprises américaines arrivent à limiter la concurrence des autres pays notamment la Chine. Même s’ils ne sont pas à l’abris d’attaques de cette dernière comme nous l’a montré l’affaire Huawei.
Même si on peut penser à premier abord que l’espionnage industriel a surtout un but économique il ne faut pas oublier que c’est aussi un enjeu stratégique pour les Etats. En effet le domaine de la défense est un domaine très sensible et hautement surveillé. Les avancés technologiques dans le domaine de la défense peuvent changer les conflits de demain. En 2013 par exemple c’est le groupe français Safran qui a été victime d’une cyberattaque chinoise. C’est via un malware que les espions chinois voulaient voler les secrets de fabrications d’un futur projet.
L’espionnage industriel a bien changé depuis la guerre froide. Son aspect a changé cependant il garde toujours le même but. Ce but étant de dérober des informations stratégiques d’autres entreprises afin de s’assurer une compétitivité maximale. Dans notre monde hyper connecté cet objectif prend une nouvelle ampleur.