À l’instar de notre chère Rihanna qui chantait SOS au début de sa carrière internationale, le SMS aurait-il besoin d’émettre le fameux message de détresse ?
Le SMS, abréviation de “Short Messaging Service” ou encore “textos” pour les plus francophones d’entre nous est aujourd’hui un outil de communication indéniable qui s’est imposé aux côtés du courriel comme l’un des moyens de communication par écrit les plus importants de nos jours. Cependant, le SMS a déjà plusieurs années derrière lui. Survivra-t-il à la prolifération des smartphones et donc, par extension, à l’utilisation des moyens de communications par internet ?
La communication de nos jours est bien différente de ce qu’elle a pu être autrefois. Avec l’apparition d’internet, des messages instantanés, des émoticônes (cf. mon précédent article sur le rôle joué par les émoticônes dans la communication d’aujourd’hui), la communication a pris un tout autre tournant. Mais cette mutation est due en grande partie à l’apparition des téléphones portables. En effet, si on veut étudier le phénomène de la messagerie instantanée, le SMS n’est autre que sa toute première version. C’est pourquoi c’est l’histoire et la structure du texto que nous allons étudier aujourd’hui.
Tout a commencé avec un “Merry Christmas” envoyé par un jeune ingénieur anglais Neil Papworth à un de ses collègues chez Vodafone. Comme les portables à l’époque n’avaient pas encore de claviers, Neil avait dû passer par un ordinateur. C’était en 1992 et en 23 ans d’existence, le SMS a pris de la maturité plus qu’il n’a vieilli. D’autant plus que l’idée d’un tel concept ne datait pas de 1992. En juin dernier, celui que beaucoup considèrent comme l’inventeur, du texto est décédé. Ce dernier, Matt Makkonen avait évoqué l’idée d’un petit message écrit transmis d’un téléphone à un autre lors d’une conférence sur les télécommunications à Copenhague en 1984. Celui qui rejette le nom d’inventeur du SMS reconnait tout de même avoir toujours soutenu que la communication par écrit ne disparaitrait jamais.
Malgré la vision avant-gardiste de notre cher Matt (paix à son âme), l’invention a pendant longtemps été utilisée uniquement en interne par Vodafone afin que les dirigeants puissent communiquer avec leurs secrétaires. Ce n’est qu’en 1999 que les sms peuvent enfin être envoyé d’un opérateur téléphonique à un autre.
À partir de ce moment là, les sms gagnent lentement du terrain. En avril 2001, le sms enregistre son premier record d’envoi en France au moment du jeu de télé réalité, maintenant devenu culte, Loft Story. Qui aurait pensé qu’une emission aussi intellectuelle puisse faire avancer les télécommunications ?
Sans le vouloir, la limitation à 160 caractères des SMS, a fait grandement évoluer le langage écrit. Big up à tous ceux nées dans les années 90 et qui ont, au moins un jour utilisé l’abréviation “mdr”, “c tro b1” ou encore l’indétronable mais tout aussi détestable “sava” (parce-que oui, pourquoi écrire “ça va” quand on peut écrire “sava”, beaucoup plus stylé). D’autant que cette manière d’écrire (si j’ose utiliser une telle expression pour définir un langage dénué de tout orthographe), s’était étendue à msn. Là encore, une relique des années collèges (casse-dédi à la 3ème4 du collège Berthelot). Sans compter les émoticônes qui remplaçaient même certains mots (je l’avoue, j’avais un émoticône de Bob Marley qui apparaissait dès que j’écrivais “man” Autant vous dire que mon prénom était incompréhensible).
Le SMS, c’est aussi un avant-goût de Twitter. Vous êtes sûrement en train de penser ce que vient faire ici twitter. Le point commun entre un texto et un tweet ? Le nombre de caractères autorisé ! En effet, les tweets sont eux aussi limités à 160 caractères. Ce petit clin d’œil de twitter nous rappelle subtilement l’utilité d’un tweet : partager un message court au plus grand nombre. Le tweet, un SMS aux destinataires multiples ? Il semblerait bien que oui.
Cela relève pourtant plus que de la simple ressemblance. En effet, l’accroissement sans cesse des moyens de communication, le “nombrilisme” grandissant de nos sociétés individualistes poussent à toujours plus de transparence quand à nos vies privées. Finalement, le tweet est sûrement l’évolution naturelle du SMS. Encore faut-il que Twitter arrive à faire face à la prolifération de la communication par image (instagram, snapchat, pinterest, etc.). Se pourrait-il cependant que la simplicité soit la meilleure option ? Pas d’images, pas de plateforme compliquées (comme pour tous les réseaux sociaux), seulement un message, aussi court que possible.
Pour les plus nostalgiques, voici une petite madeleine de Proust
C’est en effet LA grande question. En effet, le SMS n’a guère changé de forme. Mis-à-part l’ajout de certaines caractéristiques comme la possibilité d’envoyer des images et des sons (MMS), la possibilité d’envoyer des textos plus long que 160 caractères ou même l’ajout des émoticônes, le SMS reste un message texte envoyé via le réseau téléphonique et recevable par n’importe quel téléphone portable (et aujourd’hui la plupart des téléphones fixe) muni d’un clavier.
Cependant, on connaît tous la prolifération des applications de messagerie instantanée.
Aujourd’hui, Facebook est the réseau social de toutes les générations. Autrefois réservé à un public de jeunes adultes, les propriétaires de comptes Facebook ont aujourd’hui entre 7 et 77 ans. Si vous êtes, comme beaucoup, un accro du fameux réseau social, vous êtes sûrement en possession de leur extension pour smartphone Facebook messenger. Cette petite appli couplée à l’application traditionnelle Facebook a fait beaucoup parler d’elle lorsqu’il a fallu obligatoirement télécharger l’appli séparément pour pouvoir utiliser la fonction message de Facebook sur son portable. Cependant, cela a permis à Facebook de montrer sa volonté de s’implanter au centre de la communication mondiale. Cette volonté a bien sur été confirmée avec le rachat de whatsapp par le géant bleu quelques mois plus tard.
De son côté, Apple a voulu y mettre son grain de sel pour tenter de prendre le train de la communication par internet au travers de ses “i-message”. Apple avait anticipé l’utilisation grandissante et toujours plus rapide des messageries instantanées face au SMS car cette extension était intégrée à iOS 5 dès octobre 2011. Le principe est simple : d’un iphone à l’autre, si vous envoyez un SMS, par défaut, le message sera envoyé via internet (si votre connexion internet est activée bien sûr). Blackberry propose aussi ce service qui s’appelle BBM (pour BlackBerry Messenger). Cependant, la pomme supplante la mûre car BBM n’a jamais vraiment décollé…
L’apparition des smartphones a donc élargi le catalogue des moyens possible de communication. Que ce soit whatsapp, Facebook messenger, comme cité plus haut, ou même snapchat qui offre la possibilité de “chatter” par écrit sans nécessairement envoyer des photos, on s’étonne à se passer du portable traditionnel et à communiquer parfois uniquement par le biais d’internet. D’autant plus que dans certaines villes, il est très facile de trouver un “hotspot” wifi lorsqu’on n’a pas eu notre dose de réseaux sociaux dans la journée. À Montréal par exemple, j’ai décidé de ne pas souscrire à un forfait téléphonique (aux prix exorbitant par rapport à la France, soit dis-en passant) tout simplement parce que la wifi est présente PARTOUT dans la ville ! Un compte whatsapp est donc largement suffisant non seulement pour communiquer par écrit mais aussi pour appeler grâce à la nouvelle mise-à-jour de l’application.
Seulement voilà, ai-je totalement abandonné les SMS ? Non bien sur. Car en pleine campagne, il est toujours plus facile de se connecter à un réseau téléphonique plutôt qu’à un réseau wifi. Parce-que, parfois, on désactive le partage des données ou la wifi de nos cellulaires pour économiser de la batterie. Parce-que, non, tout le monde n’a pas de smartphone, même si cela peut sembler être une aberration pour certains.
En effet, le cabinet Deloitte estime que sur 100 portables actifs en France, seul 61 sont des smartphones. Si on rapporte ce chiffre aux 11% de ceux possédant un smartphone (source:Web Observatoire) mais qui ne téléchargeront jamais d’applications, on arrive à 50% de personnes qui ont un portable mais qui n’utiliseront jamais un autre type de messagerie instantanée sur leur portable que le SMS. De plus, dans ces 50% certains utilisateurs téléchargeront des applications mais ne les utiliseront jamais… Le texto reste donc la messagerie instantanée dominante. C’est en quelque sorte la seule application de communication installée par défaut sur tous les portables. Il semblerait donc que le SMS a encore de beaux jours devant lui.
Reste à voir si sa simplicité ne risque pas de lasser le grand public.
Pour la fin, on dit merci Alfred pour cette infographie des plus comiques :