« Raspberry Pi » : ce nom ne vous dit peut-être rien et pourtant cet objet pourrait bien marquer l’avènement de l’ère des geeks 3.0 en démocratisant radicalement la technologie. Un an et demi après sa sortie, petit point sur ce nouvel outil open-source qui cartonne.
Commençons donc par le commencement : le Raspberry Pi a été créé par David Braben, un développeur britannique à qui l’on doit notamment Elite, une simulation de gestion commerciale dans l’espace sortie dans les années 80. Pour l’anecdote, il faut savoir qu’encore aujourd’hui ce jeu est considéré comme l’un des plus innovants de l’Histoire.
Après plusieurs autres productions en indépendant et la création de son propre studio Frontier Developments (Roller Coaster Tycoon 3, Wallace et Gromit, LostWinds, etc.), David se lance dans un nouveau projet qui verra le jour en 2011 sous le nom de Raspberry Pi, un projet porté par la fondation du même nom.
« Alors oui, c’est bien gentil, mais concrètement c’est quoi Raspberry machin? » Patience, on y vient ! Le Raspberry Pi est en réalité un micro-ordinateur simple et peu cher (seulement $35 !) qui mesure la taille d’une carte de crédit. Afin d’optimiser les coûts, le Raspberry est vendu avec le strict nécessaire : une carte-mère. N’espérez donc pas trouver clavier, souris ou écran dans le carton fraîchement reçu, si vous le commandez !
A l’origine, son but était de promouvoir l’apprentissage des nouvelles technologies dans les écoles et notamment d’initier les enfants à la programmation et au codage. Mais l’écho de ce nouveau concentré d’innovation s’est répercuté bien au-delà de cette cible, rassemblant aussi bien des développeurs novices que de petits génies.
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Pour les petits geeks, on a aussi pensé à vous alors voilà la config par défaut du modèle B lancé par la Fondation Raspberry Pi :
521 Mo de Ram, deux ports USB, des sorties analogiques, composites, HDMI et audios, un slot pour une carte SD et une connectivité Ethernet (10/100). Il intègre un SOC Broadcom BCM2835 à 700 MHz et un GPU VideoCore 4 capable de supporter la résolution en 1080p (soit deux fois plus que votre petit iPhone 4S et avec la 3D supportée). Il comprend aussi des connecteurs pour mettre des cartes d’extension, des écrans, etc. et tourne par défaut sous Linux.
A noter également qu’il existe un modèle A, plus light et moins cher ($25 au lieu de $35 pour le B).
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Plusieurs fois reporté à cause de problèmes techniques, le Raspberry Pi sort officiellement en février 2012 et est littéralement pris d’assaut. En quelques minutes, ce sont 10 000 unités qui sont vendues, soit l’intégralité des stocks prévus. « Victime de son succès » comme ils disent à Mac Do !
Mais Raspberry ayant ouvert la voie, d’autres s’enfoncent bientôt dans la brèche tels que Utilite, Cubieboard, Beagleboard (bien que le premier modèle créé par Texas Instruments et très éloigné de l’actuel soit sorti en 2008) ou encore Gooseberry qui sortira pendant la période de sold-out du “maître”. Pour le moment, aucun d’entre eux n’a cependant réussi à rallier une communauté aussi importante que Raspberry, communauté qui représente à n’en pas douter l’une des clés de son succès.
C’est ainsi que la Fondation Raspberry Pi a pu fêter le franchissement du seuil des 2 millions d’unités vendues fin octobre 2013, alors même que le million avait été atteint en début d’année 2013. Une bonne surprise pour les créateurs donc, et notamment pour Eben Upton, directeur technique de Raspberry et co-fondateur, qui confiait à ZDNet : “Honnêtement, nous pensions vendre à peu près 1 000 unités, peut-être 10 000 dans nos plus rêves les plus fous. L’idée était d’en produire un faible nombre et d’en faire cadeau aux personnes souhaitant venir étudier l’informatique à Cambridge”.
Comme nous le disions plus haut, le gros point fort du Raspberry Pi réside dans sa capacité à rassembler autour de lui une communauté fidèle et surtout créative. Cela est notamment possible grâce au caractère Open-Source du produit.
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Alors l’open-source, c’est quoi ? Lorsqu’un logiciel est dit « Open-Source » cela signifie que son code source est accessible à (presque) n’importe qui de façon libre. Le code source constitue en quelque sorte l’ADN d’un programme et c’est directement cet ADN que les programmeurs vont modifier afin d’ajouter de nouvelles features, corriger les bugs, etc. Avec une licence Open-Source, n’importe quel utilisateur peut donc « mettre les mains dans le cambouis » et modifier le code selon l’effet désiré.
Ce concept d’open-source était initialement réservé au domaine de la programmation mais s’étend de plus en plus à celui de la vie quotidienne. Prenons par exemple Play-Doh ! Vous avez tous, je suppose, déjà eu l’occasion d’avoir entre vos mains la fameuse pâte à modeler de la marque. Sachez que Play-Doh a maintenant un (quasi)concurrent open-source du nom de Sugru. Sur le papier, il ne s’agit là aussi que de « simple » pâte à modeler… Sauf que pour gagner en visibilité, Sugru se repose sur sa communauté. Dès lors, les fans (les « gurus ») ont commencé à se multiplier sur le web et à proposer leurs propres créations. De quoi fournir des milliers d’idées d’utilisations diverses et variées pour promouvoir ce concept de pâte à modeler multi-usage. Et cela a plutôt bien payé puisque Sugru a reçu en 2010 le prix de la meilleure innovation de l’année par le magazine Time.
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Après cette petite parenthèse, revenons-en au Raspberry Pi ! Comme nous le disions, la fondation met un point d’honneur à intégrer la communauté dans son projet : « Nous travaillons beaucoup avec nos partenaires afin de développer de nouveaux logiciels, mais également avec la communauté open-source. “Computing at School” écrit actuellement un guide utilisateur et un manuel de programmation, il existe de nombreux livres à propos du Raspberry Pi et certains ont déjà commencé à produire d’excellents tutoriaux, y compris en vidéo».
Et c’est aussi dans l’optique de préserver cette communauté fidèle que les créateurs ont annoncé qu’un modèle C n’était, pour le moment, pas prévu. Ceux-ci estiment qu’un nouveau modèle serait contre-productif et destructeur compte tenu des travaux réalisés par les utilisateurs. « Un nouveau modèle impacterait fatalement une grande partie du travail réalisé jusqu’à maintenant par la communauté sur le Raspberry Pi, ce qui serait à contre-courant de nos objectifs d’apprentissage et d’éducation ».
Passons maintenant à la partie pratique avec les plus belles créations réalisées à partir d’un Raspberry Pi (certains sont d’ailleurs des projets Kickstartés). Comme vous pouvez le voir, les possibilités sont quasi-illimitées… Encore fallait-il y penser !
Rapiro, le robot trop mignon qui fait du café
Bartendro, un serveur de cocktail
BrickPi, des kits LEGO® Mindstorms pour créer des robots (ici, un canon à balles automatisé)
Le graveur laser de Daniel Chai conçu à partir de lecteurs DVD
Narwhal, un drône téléguidé
Table basse version Arcade
“Voilà, c’est fini”… (CC Jean-Louis Aubert). Si vous lisez ceci, c’est sûrement que vous avez également lu l’article alors bravo ! N’hésitez pas à commenter et à partager. Et si vous avez un copain geekos, remerciez-nous, vous tenez sûrement une bonne idée de cadeau pour lui avec ça ! 🙂
quentpilot
6 septembre 2014 at 16 h 49 min
Super article qui m’as appris pas mal de choses. Etant débutant en programmation et me dirigeant dans des études de programmation, cela fait un moment que je m’intéresse à ce joli micro-ordrinteur et je compte l’acheter bientôt afin de voir ce que je vais pouvoir faire ( possibilités (presque) infinies). Belle anecdote du constructeur en tout cas, merci.