Dans la revue de presse de cette semaine je vous parler de gros chiffres avec Orange, les GAFA et le Super Bowl. Ça parlera aussi de “Grosses données”, et de “RTB”.
Les brèves dont on ne parlera (presque) pas :
On commence cette revue de presse du monde digital de la semaine avec le très récent communiqué de presse d’Orange. Alors qu’à la fin du mois d’octobre, l’Arcep ne décomptait que 1,255 million d’abonnés fibre, Orange vient de faire savoir que plus d’un million de ses clients avaient déjà fait le bond vers cette technologie. Le calcul est alors rapide : Orange représenterait plus de 80 % des installations Internet en fibre optique de l’hexagone, ce qui laisse clairement les concurrents sur le carreau.
Attention, quand on parle de raccordement en fibre le piège est vite arrivé. Alors qu’Orange, notamment, revendique une “vraie fibre” (c’est à dire un raccordement 100% fibre optique aussi appelé FTTH pour Fiber To The Home), Numericable (et SFR du coup) finissent le raccordement par du câble coaxial, le même que celui qui se raccorde à la télé pour profiter de la TNT. Les raisons sont principalement économiques et les débats entre les opérateurs Internet ont été vifs à ce sujet ces dernières années. Forcément, il apparaît tentant pour Orange de considérer cette technologie comme de la “fausse fibre” et ainsi de ne même pas la prendre en compte dans ses calculs. Sauf que pour l’ARCEP, le gendarme des télécoms dont on parlait déjà ici, la seule “vraie” fibre c’est aussi la fibre 100% fibre.
Il apparaît que le succès d’Orange en terme de fibre réside principalement dans sa plus grande disponibilité. En effet, l’opérateur revendique “plus de cinq millions de logements raccordables dans près de 800 communes de France métropolitaine et dans les DOMs, soit une hausse de 40% sur l’année 2015”. Or, d’après l’Arcep, l’Hexagone ne comptait, à la fin du mois d’octobre, que 5 016 000 logements éligibles au FTTH (fibre de bout en bout). Autant dire que là où il y a de la fibre, il y a une très, très grande probabilité pour que celle-ci soit estampillée Orange.
D’ailleurs, pour bien enfoncer le clou marketing sur son avantage technique, Orange commence son communiqué par : “Orange entend poursuivre cette dynamique en 2016 grâce à sa Fibre, 100 % Fibre délivrant de la fibre optique de bout en bout à ses clients”. Une introduction tout en pléonasme et tautologie pour le “numéro 1 de la fibre 100% pur fibre de là, à de là”.
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— Gmail (@gmail) February 1, 2016
Après Apple qui déclare récemment avoir vendu son milliardième appareil fonctionnant sous le système d’exploitation mobile iOS, c’est au tour de Google de fanfaronner avec un nouveau service atteignant le milliard d’utilisateurs. Cela porte à 7 le nombre de services de la firme à entrer dans le club très sélect des milliardaires après Android, Youtube, ou bien Chrome par exemple.
De son côté, Marc Zuckerberg peut être fier de ses, désormais, deux services au milliard d’utilisateurs actifs : Facebook qui atteint même 1.5 milliard de comptes actifs, ainsi que WhatsApp. A ce propos, l’application Messenger et ses 800 millions d’utilisateurs pourrait bientôt rentrer dans la cour des grands à mesure que le monde entier s’équipe de smartphones.
Concernant WhatsApp, un doute persiste malgré le nombre stratosphérique d’usagers : sa rentabilité. Pour rappel WhatsApp propose des communications gratuites sous réserve d’avoir une connexion Internet, Wi-Fi ou 3G/4G. Le service, qui peut remplacer les SMS, a récemment introduit des appels gratuits et illimités, concurrençant un peu plus les offres des opérateurs téléphoniques. Le rachat par Facebook en février 2014 pour 19 milliards de dollars (c’est dire si Marc Zuckerberg croyait en WhatsApp) a permis à l’application d’augmenter significativement sa base d’inscrits mais pas forcément sa rentabilité.
Fait intéressant, le PDG de Facebook refusait toute possibilité de monétisation de son nouveau bébé avant d’atteindre le milliard d’utilisateurs actifs. Ceci fait, on voit que la formule d’abonnement annuel a été supprimée sans pour autant la remplacer par de la publicité, laquelle fournit pourtant l’essentiel des revenus de la maison mère. Ces choix sont compréhensibles au sein d’une application de messagerie car il ne faut pas alourdir l’interface utilisateur et du coup déprécier l’expérience alors que tant d’autres concurrents existent sur le marché des applications. La solution trouvée serait de développer des services bonus à l’instar de Messenger qui propose déjà des services de paiement ou de transport directement au sein de l’appli. Dans le cas de WhatsApp il s’agirait de proposer aux entreprises de communiquer directement avec leurs clients actuels et potentiels en profitant des données récoltées par l’application.
Une chose est sûre, que ce soit depuis Gmail ou WhatsApp, nous n’avons pas fini de recevoir des propositions commerciales plus ou moins inventives et surtout invasives.
Selon les rumeurs Wall Street Journal, le géant américain du e-commerce aurait l’ambition d’ouvrir 300 à 400 librairies physiques aux Etats-Unis. En novembre Amazon, surprenait déjà en ouvrant à Seattle sa toute première librairie en dur alors même qu’on ne cesse de l’accuser de tuer ce type de boutiques. L’annonce était surtout ironique 20 ans après le début de la révolution de consommation des produits culturels initiée par la compagnie de Jeff Bezos ! Baptisée “Amazon Books” l’enseigne ne propose “que” quelques milliers de références, contre plusieurs millions sur le site. En fait, elle ne propose que les livres les plus populaires en se basant sur les données collectées auprès du site : critiques élogieuses, meilleures ventes, livres tendances etc… le tout avec des prix identiques à ce que l’internaute peut retrouver sur Amazon.com.
Comme une vraie librairie alors ? Pas tout à fait, Amazon Books propose un merchandising assez original avec notamment des livres disposés de face plutôt que de tranche afin de mettre en avant la couverture et de proposer sous chacun d’eux un commentaire d’internaute issu de la boutique en ligne. A cela l’enseigne rajoute près des caisses un présentoir avec une sélection des livres les mieux notés du site tels des incontournables de dernière minute.
Quelles sont les raisons qui poussent le membre des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) à se porter sur un marché qui semblait pourtant en voie d’extinction à cause d’Amazon et consorts justement ?
Cette année le Super Bowl se déroulait à Los Angeles et comme chaque année, le coût de diffusion d’un spot publicitaire atteint des sommets : 4,8 millions de dollars (4,4M€) pour 30 secondes de spot en 2016. Cela revient à 160 000 dollars la seconde (147.000€) ! C’est 400 000 euros de plus que l’année dernière, mais surtout 4 360 000 euros de plus que lors de la première édition en 1967. Depuis quelques années le site Digiday, spécialisé dans l’analyse de la publicité en ligne, propose un petit comparatif de ce que les marques comme Coca-Cola, Paypal, LG ou encore General Motors auraient pu s’offrir en terme de publicité en ligne en économisant les 30 secondes d’apparition du Super Bowl.
L’article est intéressant car il remet en perspective les différences de prix parfois (souvent) aberrantes qui existent entre les médias de masse traditionnels et leurs homologues numériques. Cependant, il convient de ne pas oublier l’impact de com’ incroyable qu’a réussi à développer l’événement américain depuis sa création. En effet, que ce soit au sein du territoire national (entre 114 et 121 millions de téléspectateurs l’année dernière, un record !) ou à l’international (des milliers d’articles à travers le monde et des millions de vues sur YouTube) le Super Bowl est une institution à ne pas manquer pour les annonceurs. Si les marques sont prêtes à dépenser autant pour si peu de temps d’antenne c’est que le retour sur investissement doit clairement en valoir la peine.
On termine la première rubrique de la revue de presse en parlant du marché d’occasion des smartphones. Selon une étude du cabinet Deloitte, en 2016, 120 millions de smartphones devraient être échangés ou revendus dans le monde contre 80 millions en 2015. L’occasion pèsera alors 7% du marché mondial évalué à 1,6 milliards d’unités. Certes le smartphone d’occasion, à l’aune du marché des modèles neufs, reste encore marginal mais il progresse à grand pas.
L’étude à ne pas manquer :
Retrouver l’article dédié en cliquant sur le titre.
L’Appli de la semaine :
Pour ceux qui n’auraient pas encore compris je suis un Android user donc ne vous attendez pas à retrouver beaucoup d’appli disponibles sur l’App store dans cette rubrique.
Des alternatives à l’application Facebook, il en existe des dizaines. Cette semaine c’est Folio qui m’intéresse. Pourquoi l’installer ? Tout simplement parce que l’appli de base est extrêmement gourmande en données mobiles mais surtout en batterie. Folio est plus économe car elle ne se synchronise pas en continu (vous pouvez paramétrer la fréquence de synchronisation depuis les paramètres). Elle demande aussi moins au processeur ce qui lui permet de moins chauffer et donc de limiter l’impact sur la batterie. Si vous vous plaignez que votre batterie est vidée à cause de Facebook, cette appli est clairement faite pour vous.
Le terme de communication/marketing digital de la semaine :
RTB (Real-Time Bidding) correspond aux enchères en temps réel sur les plateformes d’échanges publicitaires. Le RTB devient au fil du temps une arme marketing redoutable, associée à l’émergence d’une masse d’informations comportementales toujours plus qualifiées. L’ultra-ciblage et la personnalisation des messages sont désormais possibles et ce de façon complètement automatisée. Encore une fois le Big Data est extrêmement utile aux techniques de RTB. Pour être de qualité et ainsi toucher le coeur de cible, le RTB nécessite en amont des mégabases contenant des profils d’internautes les plus qualifiés possibles. Le Big Data a ainsi pour mission de fournir ces énormes volumes de données comportementales.
Face au succès rencontré par le Real Time Bidding dans l’univers du web, d’autres acteurs plus traditionnels comme la radio ou la TV tentent déjà de s’approprier ce nouveau mode de commercialisation de leurs espaces publicitaires, afin notamment de réduire leur volume d’espaces invendus.
C’est la fin de cette 4ème revue de presse du monde digital, on se retrouve mardi prochain. D’ici là, restez connectés !
Retrolien : Comment utiliser les Big Data pour créer la meilleure série télé possible - Toile de Fond
Guillaume Cloux
9 février 2016 at 14 h 28 min
En ce qui concerne Amazon Studios, on peut quand même dire que leur adaptation de The man in the high castle est plutôt réussi avec 8,2 sur IMDB
Erwan Colson
9 février 2016 at 15 h 51 min
8.2 c’est mieux mais ce n’est pas encore 9 😉 Surtout, la série est sortie fin 2015, soit 2 ans après les premières tentatives du studio. Les effets d’apprentissage aidant Amazon a su améliorer sa formule ou bien modifier son dispositif pour se rapprocher de la méthode de Netflix.