Le numérique aux couleurs de l’Afrique

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  Dans les années 70, le numérique a apporté une véritable révolution à travers le monde. Internet a développé les relations transnationales. Téléphonie, ordinateurs ont permis une globalisation des échanges et des interactions. Cependant, le continent africain n’a que peu profité de ce boost.

  Aujourd’hui, l’Afrique tend à rattraper son retard technologique. 80.8% des Africains possèdent un téléphone portable selon l’Union Internationale des Télécommunications en 2016. Selon l’Association du réseau de téléphonie mondial (GSM), 725 millions d’utilisateurs devraient s’ajouter en 2020. Cependant, la plupart des téléphones utilisés ne sont pas encore des smartphones. Ce secteur est en plein développement. Il en va de même pour l’accès à Internet : en 2022, l’Association GSM prévoit que 80% du continent disposera de la 5G.

 

Les défis de la digitalisation africaine

  Les smartphones en Afrique coûtent, en moyenne, moins de 100$. Cependant, c’est un coût important de par la pauvreté de la population. De plus, les abonnements sont souvent très élevés.

  Certaines régions, isolées, peuvent aussi avoir du mal à avoir accès à Internet : manque de financement, infrastructures délabrées, rendement moindre par rapport aux zones urbaines…

  Ainsi, il faut que les pouvoirs publics et les fournisseurs œuvrent ensemble pour élargir l’accès aux zones urbaines. Cependant, les téléphones et les plateformes numériques sont des outils clé dans la promotion de la démocratie. Or, certains pays africains sont encore des dictatures. Elles coupent donc l’accès à Internet ou à certains sites web, notamment lors des élections pour éliminer les risques de manifestations ou autres activités politiques.

  Les experts s’accordent pour dire que l’Afrique présente un très fort potentiel de croissance digitale. Le développement des réseaux sociaux facilite l’échange d’informations.

Le numérique et l'usage de smartphone se développent en Afrique

Le marché du smartphone se développe en Afrique

  Le mobile banking regroupe les techniques permettant de réaliser des opérations bancaires depuis un téléphone mobile. Ce secteur se développe de façon exponentielle. Avec sa solution mobile Manko, la Société Générale ouvre chaque mois plus de 2000 comptes au Sénégal. De plus en plus d’entreprises utilisent le Cloud. Nous assistons à une digitalisation à grande vitesse sur tout le continent.

  Cependant, la digitalisation permet à l’Afrique de se développer par d’autres biais. Découvrons ensembles quelques exemples de start-ups digitales améliorant la vie quotidienne des africains. Puis nous mettrons en avant Teddy Kossoko et son jeu Kissoro Tribal Games, véritable ambassadeur de la culture africaine.

 

Le digital pour améliorer la vie quotidienne africaine

CityTaps : l’accès l’eau courante pour tous

  CityTaps veut permettre à tous d’avoir accès à l’eau courante dans les pays en voie de développement. Cette start-up développe donc des compteurs d’eau pré-payés qui permet à chacun de payer le service de l’eau à son rythme. Les clients peuvent utiliser OrangeMoney notamment, éliminant ainsi les factures. Le compteur débite les consommateurs au fur et à mesure, permettant l’accès à un plus grand nombre.

Le numérique améliore la vie courante en Afrique

Le numérique améliore la vie courante en Afrique

eFret.tn, optimisant le transport tunisien

  eFret.tn est une plateforme numérique de marché du transport en Tunisie. Elle met en relation expéditeurs particuliers ou entreprises avec les professionnels tunisiens du transport. Les expéditeurs publient gratuitement des annonces détaillant leur besoin en ligne. Les prestataires vont alors être en compétition et offrir des devis. Les premiers font jouer la compétition pour obtenir de meilleurs prix, les seconds peuvent optimiser leurs trajets en évitant les retours à vide.

  Ces projets montrent bien qu’il y a encore beaucoup à entreprendre dans ces pays en voie de développement. De grandes entreprises se penchent de plus en plus sur la question et essaient de s’implanter dans ce marché.

 

Le digital comme rayonnement culturel mondial de l’Afrique

  Nous avons tous été sensibilisés au moins une fois à la culture africaine. Cela a pu être par une exposition artistique, Kirikou, un livre lu en une belle soirée d’hiver… Cependant, cette culture reste encore marginale, il n’y a que peu de supports, notamment digitaux, qui la mettent en avant.

  Teddy Kossoko a décidé de sensibiliser à la culture africaine et plus particulièrement centrafricaine en touchant le plus grand nombre. Et quoi de mieux que de développer un jeu vidéo sur un des jeux de plateau africains les plus anciens du monde ?

  Découvrons ensemble Teddy Kossoko, étudiant, entrepreneur et ambassadeur de la Centrafrique.

 

Portrait de Teddy Kossoko, étudiant entrepreneur centrafricain

  A 23 ans, ce jeune homme originaire de Centrafrique possède déjà plusieurs casquettes. Après avoir terminé un cursus MIAGE à Toulouse, il travaille chez Capgemini en tant qu’ingénieur logiciel. Ce jeune développeur en informatique a, durant ses 3 années d’étude, créé Masseka Game Studio, un studio de jeux vidéo promouvant la culture centrafricaine.

  Son premier jeu, Kissoro Tribal Games met en avant un des jeux les plus vieux au monde, équivalent des échecs. Ce jeu de plateau millénaire lui permet d’être un ambassadeur culturel de son pays, relativement peu connu.

  Son objectif à moyen terme est de créer à Toulouse le premier studio de jeu basé sur les univers africains. Son projet a un aspect culturel très fort et se positionne comme un des meilleurs jeux africains actuellement sur les plateformes mobiles.

 

Présentation de Kissoro Tribal Games

Qu’est-ce que le Kissoro ?

  Le Kissoro est un jeu de société africain qui varie selon les régions (Afrique, Asie, Moyen Orient ou encore Caraïbes). Il est utilisé en Centrafrique pour promouvoir la paix entre Chrétiens et Musulmans.

  Kissoro Tribal Games a réussi sa campagne de financement participatif récoltant un total de 5 059€ sur Ulule en juillet 2017. Il a aussi remporté le « Pitch Your Game » lors de la Geek Touch à Lyon le 23 avril 2017 ainsi qu’un « Tongolo Awards » organisé par Sewati Tongolo lors de la nuit du 13 au 14 Mai. Ce jeu est aussi soutenu par le CROUS de Toulouse via son dispositif Culture-Action. Ce dispositif promeut les projets culturels et les initiatives améliorant la vie culturelle des étudiants.

L’aspect culturel

  D’un point de vue historique, ce jeu sensibilise sur la culture centrafricaine. Tout d’abord, le design immerge totalement le joueur dans un univers africain. Deux royaumes s’affrontent pour le contrôle d’un riche fleuve et il faut affronter des ennemis de plus en plus forts pour gagner la guerre. Cela rappelle les différentes tensions qui ont pu secouer les pays africains dans le temps pour le contrôle de ressources stratégiques.

Kissoro Tribal Games, une nouvelle application promouvant culture Afrique

Kissoro Tribal Games, une nouvelle application promouvant la culture Africaine

  Les plus perspicaces reconnaitront aussi des clins d’œil glissés par Teddy Kossoko : le logo du jeu qui s’inspire du film retraçant l’histoire de Boby Fischer. Les  « boss » représentent des personnages historiques : Hannibal de Carthage  ou encore Makoko Ilo, roi des Bateke. Le royaume Yakomo s’inspire des Yakomas un peuple centrafricain dont fait partie Teddy.

  Ce jeu revêt donc un aspect culturel fort que Teddy veut promouvoir dans des pays occidentaux.

Teddy, un précurseur inversant la tendance

  Nous avons déjà tous joué à des jeux européens, asiatiques ou américains. Cependant, les jeux d’origine africaine se font bien plus rares.

  Teddy a envie de promouvoir la culture africaine dans le marché du jeu vidéo. Pour se faire, il doit aussi promouvoir la culture du jeu vidéo dans les pays africains, qui n’ont pas encore un fort accès à la technologie. Comme nous l’avons vu, les smartphones ne sont encore que peu répandus en Afrique. Le marché des applications et notamment des jeux vidéos est encore neuf. Le premier jeu vidéo africain est sorti en 1994 en Afrique du Sud, créé par Celestial Games. Quelques studios indépendants se sont créés depuis.

  En 2016 le jeu Aurion : l’Héritage des Kori-Odan avait été ainsi le premier jeu camerounais sur Steam. Il avait été parrainé par le ministère des Arts et de la Culture camerounais. Il fut un succès avec plus de 80 000 achats sur la plateforme Steam.

  Cependant, la pratique du  jeu vidéo en Afrique se fait le plus souvent dans des salles spécialisées et sur quelques jeux uniquement. Teddy en se plaçant sur le marché de l’application peut ainsi passer outre cet obstacle.

Aurion un des premiers jeux numériques africains

Aurion, un pionner des jeux africains

  De plus, nous voyons souvent des occidentaux se lancer dans l’entrepreneuriat en Afrique, cependant, il est plus rare de voir un africain se lancer dans l’entrepreneuriat en Europe. Teddy inverse donc les tendances. S’il réussit son pari de 1 000 000 de téléchargements en 1 mois après la sortie de son jeu le 15 Février lors du Festival d’Angoulême, Teddy Kossoko sera parvenu à promouvoir la culture centrafricaine.

  Mais au-delà de l’aspect culturel, pourrait-il inciter davantage de pays africains et arabes à lancer leur studio de jeu vidéo ? Nous pourrions bien voir dans les années à venir une nette augmentation des jeux vidéo venant des pays en voie de développement.

Aurelien DEIXONNE

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1 commentaire

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